raginwulf a écrit:Bref, c'est l'esprit détendu du slip que je défends dans la presse JV, pas l'amateurisme bien sûr.
Oui, j'avais bien compris ton intention mais le fond du problème reste le même. Car malheureusement cette ambiance "détendue du slip" que tu mets en avant masque parfois (souvent ?) un amateurisme de la part des actants.
Le p'tit pigiste, il fait son article bâclé de une page et demie en 1 heure, après 6 heures de jeu. Il sort des lieux communs,, mais il a un style sympa, cool, passe-partout. Et en plus le lectorat est jeune donc très impressionnable ; qui ici n'a jamais rêvé, du haut de ses 12 ans, d'être un jour un "testeur de jeux" comme toutes ces IDOLES qu'on admirait ? Et pourtant, va relire un test de Cyril Drevet maintenant, et tu verras un peu comment c'est de la merde...
Une fois l'article pondu, le p'tit pigiste est donc content, il peut manger à sa faim ce soir. Et les commentaires commencent déjà à fuser sur le forum du jeu en question... Des commentaires issus bien souvent du clavier de l'ordinateur d'un ado de 12-16 ans. Avec donc très peu d'expérience pour juger avec assez de recul l'article en question. Quand tu es au collège ou que tu entames à peine le lycée, que l'on te demande de faire des sujets de "composition française" (rédaction) ou que tu commences tout juste à apprendre les techniques de dissertation, bien entendu que tu vas trouver parfait le texte d'un mec de 25-30 ans ! Et encore plus parce que ça parle d'un sujet qui te parle, le jeu vidéo ! Et encore plus parce que le mec a l'air "cool", parce qu'on est dans une ambiance, encore une fois, "détendue du slip".
Mais au final, ce pigiste "cool tranquille", qui dit "Tu" à tout le monde, qui ira peut-être même - sanctification suprême ! - répondre à quelques questions dans le forum attitré du jeu, qui s'attire dangereusement l'admiration des ados n'est-il pas l'image du copain "adulte" (ou du grand frère) de 17 ans qu'on admire trop quand on en a 10 ? Celui qui est trop cool parce qu'il utilise des mots en verlan, parce qu'il fume, parce qu'il conduit une mobylette, parce qu'il nous appelle "Mon p'tit pote", parce qu'on zone des fois avec ses 2-3 amis (nous donnant ainsi l'impression d'être un "grand"), parce qu'il nous paie un diabolo-menthe en terrasse, parce qu'il a pas peur de mettre un poster de femme à poil dans sa chambre, parce qu'il sèche les cours en disant "Tu vois, moi, j'aime pas les règles, j'suis un vrai rebelle" ? Jusqu'au jour où on grandit et où on se rend compte que ce type qu'on admirait n'est en fait qu'un abruti qui se la jouait, qu'on idolâtrait avec notre coeur d'enfant en pensant qu'il savait tout. Et que son attitude "détendue du slip" masquait en fait son inintelligence et sa fumisterie.
Le mauvais pigiste dans le milieu de la presse spécialisée du jeu vidéo, c'est un peu ça : un mec qui bien souvent n'a jamais eu vraiment de reconnaissance. Mais là, il a enfin un support écrit pour s'exprimer, et un titre clinquant qui en jette : "Ouaip, moi je suis JOURNALISTE dans le domaine du jeu vidéo ! " Et les ados d'applaudir. Et l'ego du mec de se gonfler. Et le pigiste de se la jouer "copain" avec son lectorat, enfin seulement si on lui lèche les bottes (faut pas pousser non plus !). Et puis tant qu'à faire, vu que ça a marché sans trop se fouler, on va continuer comme ça : faire des p'tits articles sans trop se fatiguer, balancer des lieux communs, extrapoler sur des éléments de jeux qu'on n'a pas vus, etc... Mais puisque le pigiste peut se la jouer cool et tromper son monde, bah il continue.
Et ses textes médiocres deviennent une sorte "d'étalon-mètre" pour les autres rédacteurs ou aspirants rédacteurs.
Mais le public continue d'applaudir parce que le milieu du jeu vidéo, c'est quelque chose de léger et trop cool. Du moment qu'on est dans la bonne humeur, peu importe la valeur des articles... et puis de toutes façons on ne les lit pas : on regarde juste la note. "Oh mon dieu, ce jeu a eu un 7 au lieu d'un 8 ? Je crois que je vais annuler ma commande alors" (véridique ! Expérience observée de nombreuses fois sur les forums de Gamekult !)
Moi je dis qu'il faut être un peu plus exigeant et surtout bien comprendre que les pigistes des sites spécialisés n'ont bien souvent pas plus de talent qu'un mec qui a eu 10 au Bac de Français. On a le droit, en tant que cible principale de ces textes, d'exiger un peu plus de fiabilité de la part des personnes qu'on lit. Et ceci, bien sûr, n'empêche aucunement des articles au ton léger, détendu, original. Mais bien sûr, écrire quelque chose de qualitatif tout en adoptant une prose agréable et "cool tranquille", ce n'est pas donné au premier scribouillard venu...
PS : Il va sans dire que tous les pigistes ne sont pas comme cela et qu'il y en a heureusement quelques uns qui ont une vraie conscience professionnelle et un vrai talent de rédaction. Mais hélas, en ce qui me concerne, le degré d'immaturité et l'amateurisme sont pour le moment ce qui prédomine grandement dans le milieu. Il n'y a qu'à voir comment Julien Chièze, rédac chef de Gameblog (ce qui est quand même une position haut placée, enfin plus ou moins) réagissait lorsque que Gamekult avait osé lui couper l'herbe sous le pied en postant le test de GTA5 avant la date butoir. Un vrai gamin ! Si des mecs comme cela sont à la tête d'équipes, on n'imagine même pas les sous-fifres ! (Et mieux vaut ne pas parler de Jay, à la tête des feus magazine Gameplay RPG, puis Background. L'immaturité à son paroxysme !)