Hop, Child of Light sur PS3 terminé en 3 jours !
Loin de partager l'enthousiaste aveugle des journalistes et joueurs qui s'émerveillent dès qu'un cerisier en fleurs voit ses pétales voleter sur une mélodie jouée au piano, je n'irai pas non plus jusqu'à partager le dédain total sur ce jeu comme a pu le faire Boulapoire avec le test sur Gamekult (mais si ces personnes-là étaient intègres dans leur boulot, ça se saurait depuis le temps...).
Comment aborder Child of Light ? Il est évident, et cela dès qu'on lance le jeu, qu'il n'a pas la prétention de marcher sur les plate-bandes des titres à gros budget. Les graphismes sont jolis, voire très jolis, mais il y a pas mal de petites imperfections qui gênent ici et là.
Si les décors traversés sont parfois magnifiques, on notera quand même que le rendu est un peu trop simple et manque d'ombres ou de contours. Je suppose que c'est le style graphique choisi qui veut cela, donc c'est une affaire de goûts. Mais lorsqu'on a connu Odin Sphere ou Muramasa, on voit les limites de Child of Light.
Pourtant, le gros problème se ressent au niveau des personnages. Non, je suis désolé, ils sont simples et mal animés, à part pour la petite Aurora qui a évidemment subit un peu plus d'attention de la part des développeurs. Les artworks de ces personnages lors des discussions sont moyens, voire même laids. Bon, d'accord, ça veut copier les illustrations des livres de contes pour enfants... Enfin, c'est ce qu'on nous dit mais pour ma part je vois des dessins qui n'ont rien de professionnel et qui semblent tout droit sorti de l'esprit d'un gars n'ayant pas été plus loin que sa première année en Arts Plastiques.
En ce qui concerne la musique, elle est très belle bien qu'un peu répétitive. En tout cas, elle confère une ambiance vraiment triste et mélancolique au jeu. N'y jouez surtout pas si vous êtes dépressif ! Si l'on parle bien de conte, j'y vois plutôt un conte triste qui fera pleurer les enfants par cette ambiance. Certaines pistes sont vraiment magnifiques, c'est l'un des gros points forts de ce jeu.
Niveau gameplay, les combats sont vraiment pas mal fichus. Et pour cause, le système est copié, calqué, photocopié sur Grandia. Avec toutefois une nuance : on peut contrôler Igniculus, une lumière bleue. Et ça fait quoi cette lumière bleue ? Du bleu... (Copyright Rambo)
En dirigeant Igniculus sur les ennemis et en appuyant sur L2, on peut ralentir ces derniers dans la barre d'action. Et ça change tout ! Le côté stratégique est bien présent dans ces affrontements, d'autant plus que les personnages de l'équipe sont plutôt nombreux et chacun avec un rôle bien défini. Le jeu est dit facile par la plupart de la presse, c'est pourquoi je l'ai fait direct en mode difficile et, croyez-moi, les affrontements sont loin d'être simples et il faudra maitriser comme il faut tous les aspects du système de combat.Bref, c'est du classique mais du tout bon.
L'exploration est sympathique, avec quelques énigmes et quelques annexes simples. Les décors ont au moins la bonté d'âme d'être plutôt variés. Mention spéciale au palais sous-marin, juste somptueux, qui est réellement un cran au-dessus du reste du jeu.
Le scénario ? Hé bien, malheureusement, on tombe encore dans une "bouillasse" artistique à la française. Comprenez par-là qu'il n'y a quasiment aucun background, que l'histoire est décousue, incompréhensible, emplie de blancs, avec une fin abrupte qui n'explique rien, des personnages qui sortent d'on ne sait trop où. Bref, le jeu se contente de faire de "l'arty" qu'il espèrera faire passer pour de l'art en comptant sur le public qui, bien souvent lorsqu'il y a du vide, cherche à combler ce dernier en lui donnant des interprétations alors que le tout n'a finalement aucun sens à part nous montrer de l'abstrait.
Le jeu est aussi complètement écrit en "rimes". Moui, je mets "rimes" entre guillemets car, franchement, c'est plutôt de la rimaille et rien d'autre. Les responsables du script se sont contentés de faire plus ou moins sonner la dernière syllabe de chaque vers avec le précédent, souvent de manière très approximative, sans vocabulaire recherché, sans souci de concordance rythmique. C'est très bancal, bien peu inspiré, et à l'évidence cela manque de talent. En même temps, n'est pas Baudelaire qui veut, mais si l'on commence à lire dans 2 mois sur le net que Child of Light propose des textes poétiques qui rivalisent avec ceux de Ronsard, je pète un câble !
Je le répète donc : de la rimaille que tout un chacun peut faire sans effort, sans grandes notions littéraires.
Bon alors avec tout ça, comment aborder ce jeu ? En tant que nanti du genre RPG, j'ai bien sûr parcouru un grand nombre de titres toutes consoles confondues.Et des titres, souvent, bien meilleurs et bien plus élaborés que Child of Light.
Oui, mais ces jeux étaient de "gros" titres. Des jeux à 50 euros en moyenne, des jeux à grosse licence, à grosses équipes de développement, des jeux "étudiés pour". En somme, et c'est là ce qui est TRES IMPORTANT, des jeux qui ne sont pas pour le même public que Child of Light.
Car en effet, Child of Light n'a pas la prétention d'être un gros RPG qui va bousculer Final Fantasy et autres Wild Arms. C'est un jeu en démat' à 15 euros et ça, ça, il ne faut pas l'oublier ! C'est un petit jeu pas cher qu'on télécharge, tranquille, pour s'occuper 3-4 jours. Et combien de RPG y'a-t-il en démat' à si bas prix ? Bah rien, que dalle ! Child of Light est un RPG très "light" (oh oh oh !) qui conviendra parfaitement à d'autres publics que les fanas de RPG : à ceux qui n'ont plus le temps de passer 50 heures à booster des personnages, à ceux qui n'ont pas envie de mettre 60 euros dans un Final Fantasy trop "japanime", à ceux encore qui n'ont plus la patience nécessaire pour apprendre des mécanismes de jeu toujours plus compliqués et qui veulent se refaire, le temps de 15 heures, un p'tit RPG à l'ancienne dans une belle ambiance, sans se poser de questions.
Et de ce point de vue-là, Child of Light remplit le cahier des charges, j'en suis sûr. Pour les vieux cons passionnés que nous sommes, le jeu semblera sans doute un peu maigre et maladroit dans sa conception. On se rabattra alors sur le côté "artistique" du jeu, même si celui-ci a beaucoup d'imperfections, pour vivre une expérience certes imparfaite mais plutôt originale.
En conclusion, un p'tit jeu sympa avec une "patte" singulière... mais qui doit surtout rester à sa place pour éviter de voir ses nombreux défauts transparaitre face aux ténors du genre.
Espérons juste qu'il n'y ait pas toute une clique qui commence à se secouer la nouille sur ce titre "parce que c'est trop beau et que c'est artisanal". Si Child of Light a des qualités, il ne mérite pas non plus la consécration.